Qui va rénover les logements des casernes de France ?
Le 8 décembre 2015 – Les politiques du logement
Si le budget de la défense a été rehaussé de 3,8 milliards d’euros, bien peu sera dépensé pour rénover les logements des casernes. Or on estime à quelque 125 000 habitations concernées, qui faute de moyens se délabrent de mois en mois. Deux députés ont bien tenté de faire intervenir l’ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine), mais sans succès.
Il faudrait 3 fois plus de budget pour rénover les casernes
Le délabrement des casernes n’est pas un phénomène nouveau. Déjà en 1996 le plan Vivien (Valorisation de l’Infrastructure de Vie des Engagés volontaires) pointait du doigt la situation, comme le rapporte la rubrique immobilier du Figaro. Il fallut ensuite attendre 2011 pour que la Cour des Comptes lance un rappel, tombé dans l’oreille de sourds.
C’est que la gestion des logements des casernes militaires et de gendarmerie, est plutôt complexe. D’après le maire de Versailles, François de Mazières, sur 125 000 logement s nécessitant des rénovations, 47 000 sont sous la houlette du ministère de la défense.
Concernant la gendarmerie, sur les 75 000 logements seuls 31 000 sont domaniales, donc gérés par l’État. Les autres sont l’affaire des collectivités territoriales, en particulier les départements. Le problème vient surtout des casernes domaniales, qui méritent des travaux.
Mais en période de préoccupations budgétaires il est une question qui bloque la plupart des projets : « qui paye ? ». Car le budget nécessaire pour rénover les logements et les casernes se monterait à 160 millions d’euros par an. Alors que la somme consacrée ne dépassait pas 122 millions d’euros de moyenne entre 2003 et 2008, l’enveloppe est tombée à 100 000 millions d’euros à partir de 2010. Et pour 2016, les gendarmes et les militaires ne devront compter que sur 56 millions d’euros pour rénover leurs logements.
L’ANRU ne rénovera pas les casernes
De la caserne Delpal à Satory (78), le quotidien Le Parisien écrivait en février dernier « les 1500 gendarmes affectés avec leur famille… vivent dans des conditions Lesclesdumidi.com précaires… et proche de l’insalubrité ». Le mot est lâché, mais ne se répandra pas suffisamment au travers des médias. Et pourtant la caserne renferme 1500 soldats, dont 6 escadrons mobiles du GIGN.
Problèmes structurels du bâtiment, cages d’escalier mal entretenues, salles de bain ruisselantes, lorsque cet état de délabrement est constaté dans le parc civil, c’est à l’ANRU d’intervenir. L’agence dispose pour cela d’une enveloppe de 5 milliards d’euros, qu’elle devra dépenser pour rénover 200 quartiers en difficulté. L’idée des députés De Mazières et Grouard était de faire intervenir l’ANRU pour rénover les logements des casernes. Mais le projet a été rejeté par l’Assemblée nationale le jeudi 3 décembre. Seules les habitations situées dans les zones d’influence de l’ANRU pourront être concernées, comme cela fut le cas pour la caserne de Melun.
Il faudra donc bien trouver le budget nécessaire, les têtes se tournent désormais vers le ministère de la défense.
Ces casernes transformées en logement
Les exemples de transformation de casernes désaffectées en logement , ne manquent pas. Mais dans la pratique il s’agit de biens appartenant au domaine public, et vendus à des entreprises privées.
Ces dernières prennent en main la rénovation et le changement de destination, en accord avec un plan d’urbanisme. Ainsi la caserne De Reuilly dans le 12e arrondissement de Paris, accueillera à terme 580 logements , dont la moitié à caractère social. Le projet sera financé par la vente de 30 % de ces habitations en loyer libre, destinée à l’investissement des particuliers. Enfin 20 % seront des logements intermédiaires.
À Nantes, la très austère caserne Mellinet fait l’objet d’un projet d’urbanisme, impliquant au moins 80 habitants en concertation avec des urbanistes. C’est que les 13,5 ha seront les bienvenus dans une ville dont la population s’agrandit de +0,7 % par an (source INSEE). A priori il sera possible d’y ajouter pas moins de 1700 logements, dont 35 % à caractère social est 35 % en « accession abordable ». Mais ces projets concernent des bâtiments désaffectés et désormais inutilisés. Le problème des habitations des militaires en activité, lui, reste entier.