Saisie record de faux billets: l’affaire a débuté en Charente [vidéo]
Le 17 septembre à 12h48 par Julien Prigent
C’est la vigilance d’un commerçant de Mansle puis le gros travail d’enquête des gendarmes charentais et poitevins qui a permis de réaliser l’interpellation de deux passeurs qui transportaient 100.000 euros de faux billets, dimanche à Paris.
Une saisie record pour une affaire d’ampleur nationale. Les faux billets de 20, 50 et 100 euros étaient imprimés en Italie. Des passeurs les apportaient à Paris. Puis des petites mains les écoulaient en province.
Lors d’une conférence de presse, ce jeudi matin au tribunal d’Angoulême, le procureur de la république Jean-David Cavaillé a relaté « l’excellent travail des gendarmes » qui a permis de mettre fin à ce trafic de grande ampleur.
Tout a donc commencé en Charente. Début avril, un commerçant de Mansle refuse un faux billet de 50 euros qu’un homme tente d’écouler. Il le suit. Note la plaque d’immatriculation du véhicule avec lequel il reprend la route et alerte les gendarmes. C’est le point de départ de l’enquête.
Immédiatement, les militaires lancent un SMS d’alerte à destination du réseau Alerte Commerces, mis sur pied par la Chambre de commerce et d’industrie. Vigilants, d’autres commerçants de Ruffec, Vars ou Montignac signalent également avoir reçu la visite de personnes tentant d’écouler de la fausse monnaie.
Les gendarmes de Mansle et Ruffec lancent une enquête de voisinage. Au parquet d’Angoulême, le vice-procureur Cyril Vidalie ouvre immédiatement une information judiciaire. Les précieuses informations recueillies permettent aux militaires du groupement de Charente et ceux de la section de recherche de Poitiers, soutenus par l’office central pour la répression du faux monnayage (OCRFM), d’avancer.
« Cela a été une longue et minutieuse enquête. Les gendarmes ont mené un vrai travail de fourmis, d’investigations, de recoupements », tient à souligner Jean-David Cavaillé. L’enquête a permis de remonter jusqu’en Italie, où les enquêteurs ont reçu le soutien des carabiniers italiens. C’est là que les faux billets sont imprimés. Des passeurs se chargent ensuite d’apporter l’argent à Paris. Il est ensuite écoulé en province. Ces faux billets ont également été retrouvés dans des commerces de Poitiers, Châteaudun, Châtellerault ou Nevers.
Dimanche matin, à Paris, sur le quai de la gare de Lyon, une trentaine de gendarmes et policiers attendaient les deux passeurs qui descendaient d’un train en provenance d’Italie. Les deux hommes, âgés de 40 et 31 ans, d’origine sénégalaise, l’un se déclarant SDF, l’autre résidant en région parisienne, ont été interpellés sans difficulté. Les 100.000 € de faux billets étaient conditionnés en liasse, placés sous leur ceinture. Une prise record: « A l’OCRFM, ils n’ont pas souvenir d’une telle saisie », selon le lieutenant Benoît Bordenave, de la section de recherche de Poitiers, qui a piloté l’enquête.
Ces deux trafiquants présumés ont été placés en garde à vue à la gendarmerie d’Angoulême. Ils sont en cours de mise en examen pour transport, détention, libre circulation de monnaie falsifiée, ainsi que pour blanchiment, le tout en bande organisée. Un crime passible de trente ans d’emprisonnement et de 450.000 € d’amende. et pourraient être placés en détention provisoire en fin de journée.
« Il reste du travail au juge d’instruction », indique Jean-David Cavaillé: une partie du réseau vient de tomber. Il reste à mettre la main sur les autres protagonistes. « S’il n’y a avait pas eu au départ le signalement d’une victime, nous n’aurions pas pu lancer cette enquête », tient à souligner le colonel Fabrice Tranchant, du groupement de gendarmerie de la Charente.