Ecouché
Portrait de François Le Dortz, gendarme, résistant et déporté
Gendarme à Écouché, il est entré dans la résistance active après l’occupation de la Basse-Normandie. Déporté en Allemagne, il en est revenu avant de périr… Au nom de la liberté.
12/05/2015 à 09:29 par admin
Printemps 1944, François Le Dortz pose avec sa femme et ses deux enfants, Roger et Paul. Quelques semaines plus tard, il est arrêté par la Gestapo, interrogé et emmené vers l’Allemagne dans un camp de concentration.
Que s’est-il passé entre-temps ? Il a participé à un pan de l’Histoire peu connu du grand public.
À 28 ans, un an avant le déclenchement des hostilités de la Deuxième guerre mondiale, le gendarme Le Dortz est affecté à la gendarmerie d’une petite commune rurale de l’Orne, Écouché.
Le Breton, qui appartient à la garde mobile républicaine, connaît alors l’occupation après 1942, dans un pays battu par l’Allemagne nazie. Deux choix s’offrent aux gendarmes : l’obéissance aux milices de Pétain ou la résistance. « Deux types de résistance étaient mis en place : la résistance passive qui freinait les missions qu’on leur demandait d’accomplir, et la résistance active où, là, les gendarmes accomplissaient de véritables actions contre le régime », raconte Dominique Le Dortz, petit-fils de François et véritable passionné de cette époque historique.
Résistance active
Le choix de son grand-père est fait : ce sera la résistance active. Le gendarme ne peut rester neutre et envoyer des jeunes au combat ou au STO (service du travail obligatoire). 1943 est une année charnière pour la résistance, notamment dans l’Orne.
Le 1er septembre, François entre dans la résistance, associé au Bureau central de renseignements et d’action sous les ordres du docteur Pasquier, dans un groupe rattaché au réseau « action plan Tortue » de Jacques Foccart.
« Ils allaient par exemple prévenir les convoqués au STO la veille de leur notification afin qu’ils ne soient pas chez eux le lendemain. Tout se faisait de façon discrète. Cela a fait rentrer toute une jeunesse dans les maquis », explique Dominique Le Dortz.
Détournement d’enquêtes
L’avantage des gendarmes, c’est leur libre circulation durant cette période. « Mon grand-père a lié des amitiés avec des familles qu’ils camouflaient et dont il assurait le transport. Il a aussi participé à la protection des zones de parachutage en vue du Débarquement ainsi qu’à l’acheminement de l’armement pour les parachutés. »
Le gendarme Le Dortz, qui a une mission de renseignement, prend part également aux détournements des enquêtes.
Notamment celle sur la mort de Roger Leguerney, blessé mortellement lors d’une opération de transports d’arme par les troupes allemandes. Il pousse alors la Gestapo sur de mauvaises pistes. « Il prenait un risque important, l’enjeu de libérer le pays était plus fort que celui de risque sa perte. Mon grand-père avait un enfant infirme, une femme et un autre fils, mon père. Mais il continuait, il est allé jusqu’au bout au nom de la liberté du pays, au nom de l’enjeu national. »
Mais la supercherie est découverte et le 22 mai 1944 il est arrêté à 8 heures du matin par Bernard Jardin.
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Devoir de mémoire
58 ans plus tard, en 2003, son petit-fils Dominique, intègre, la brigade de gendarmerie d’Ecouché. « Il y a un vrai lien historique pour moi, c’était un choix de venir ici. C’est assez symbolique pour moi d’être venu ici. Je suis militaire, comme mon grand-père et je me disais alors que je prendrai ma retraite ici. Si la brigade ferme, je serai le dernier en somme. »
Une brigade où trône en place sûre la plaque commémorative en l’honneur de son grand-père, François. Un besoin de mémoire envers une époque bien sombre et des personnes héroïques.
Lire l’intégralité de cet article dans votre édition papier (du jeudi 7 mai 2015) du Journal de l’Orne. En kiosque.