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Le - OISE – Le procureur « secoue » le gendarme accusé de violences

OISE – Le procureur « secoue » le gendarme accusé de violences

L’officier de gendarmerie accusé de violences contre un gardé à vue sera fixé sur son sort le 4 juin. À l’audience, le procureur ne l’a pas ménagé.

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Le procureur Vicentini<br />
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Pour moi, il a eu un moment d’égarement<br />
».<br />

Au procès de l’ancien commandant de compagnie de gendarmerie de Clermont (Oise), il a beaucoup été question de loyauté. C’est cette qualité morale qu’a par exemple mise en avant l’ancien commandant de la brigade de Saint-Just-en-Chaussée pour expliquer pourquoi il n’avait pas dénoncé avant, le fait de violences dont il avait été témoin.

Ce mutisme de la part du gendarme, a visiblement agacé le procureur de la République de Beauvais, Jean-Philippe Vicentini, qui, jeudi, secouait la tête d’un air réprobateur.

Pas de blessureschez le plaignant

Si le chef d’escadron Bastien Ozenda a été poursuivi pour avoir porté un coup à un gardé à vue menotté en décembre 2011, c’est bien parce que l’ancien chef de Saint-Just-en-Chaussée a fini par décrire, puis maintenir, la scène dont il a été témoin. Un jeune gendarme fera de même par la suite. «  Que serait devenue cette plainte si les faits n’avaient pas été corroborés par un officier de police judiciaire ? », demande le procureur de la République. Cette affaire de coup, qui n’a pas provoqué de blessures chez le plaignant, aurait pu faire beaucoup moins de bruit. Elle aurait pu se régler dans le bureau du magistrat, si le chef d’escadron avait fait profil bas. Mais l’ancien commandant de compagnie nie les faits depuis le début. «  Je lui en veux, assène Jean-Philippe Vicentini. Il n’a jamais pris ses responsabilités. Je veux bien comprendre que la faute qu’il a commise peut avoir de terribles conséquences pour lui. Pour moi, il a eu un moment d’égarement dans un contexte particulier (Ndlr : les personnes interpellées ce matin-là étaient très violentes). Je ne sais pas s’il ment ou s’il était dans un tel état qu’il a supprimé ce coup de pied de sa mémoire  ».

Ferme et sévère au cours des débats, le procureur de la République a été plus clément quand il a requis 10 000 euros d’amende, et surtout quand il a dit qu’il ne s’opposait pas à une dispense d’inscription au casier judiciaire.

Car l’officier poursuivi est un gendarme brillant. «  C’était l’un des meilleurs commandants de compagnie de l’Oise. Il sortait du lot », a témoigné l’ancien chef des gendarmes de l’Oise, le colonel le Floch.

« Un excellent officier»

«  C’est un excellent officier  », a même souligné Me Varin, l’avocat du plaignant, un ancien militaire.

Bastien Ozenda, 42 ans, est resté droit dans ses bottes. Juste après les faits, il avait déposé plainte contre le gardé à vue pour outrages. Mais sur le procès-verbal, il n’a fait aucune allusion à la scène qui s’est passée dans ce bureau, l’empoignade (et le coup de pied selon les témoins) alors que le jeune militaire prenait le téléphone pour parler à sa hiérarchie afin de l’avertir de la situation. « Votre plainte doit être objective ! tonne le procureur.Quand vous déposez cette plainte, vous nous cachez cette scène  ! » «  Parce que pour moi, il ne se passe rien  », répond le prévenu. «  C’est ce que vous avez pensé négligeable qu’on juge aujourd’hui !  », conclut Jean-Philippe Vicentini.

Me Philippe Meilhac, l’avocat de l’officier, a plaidé la relaxe. Pour lui, il existe des « contradictions et des convergences fondamentales dans le dossier  ». Ainsi, le plaignant a dit qu’il avait reçu un coup de poing. Les deux gendarmes qui témoignent contre leur ancien supérieur disent qu’il s’agissait d’un coup de pied.

Les juges du tribunal de Beauvais se sont donnés jusqu’au 4 juin prochain pour rendre leur décision. Elle sera décisive pour la carrière de l’officier, qui, après une suspension, a repris ses activités après avoir été muté. La partie civile a réclamé 5000 euros de dommages et intérêts.

GAUTIER LECARDONNEL

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