Azincourt : deux gendarmes dans les armures de deux chevaliers pour la reconstitution de la bataille
Aymeric Savary, 25 ans, et Kristian Boulinguez, 24 ans, sont deux jeunes gendarmes passionnés d’histoire. En juillet prochain, ils incarneront, lors d’une reconstitution, deux chevaliers tombés lors de la célèbre bataille d’Azincourt de 1415, dont ils ont patiemment reconstitué les armures.
- Par Yann Fossurier
- Publié le 29/04/2015 | 20:12, mis à jour le 30/04/2015 | 00:08
Aymeric est gendarme mobile. Kristian gendarme adjoint de réserve. Ils vivent tous deux en région parisienne. Ce sont des grands passionnés d’histoire, particulièrement érudits. Aymeric participe depuis quelques années à des reconstitutions, mais pour celle d’Azincourt, il a souhaité aller encore plus loin dans la précision et la minutie des détails. Il s’est lié d’amitié avec Christophe Gilliot, le directeur du Centre historique médiéval d’Azincourt, qui l’a guidé dans ses recherches pour tenter de reconstituer les armoiries, l’armure et les tenues du Gallois de Fougières, écuyer et prévôt des maréchaux, considéré comme le premier gendarme mort au combat. Le résultat, que nous avons pu découvrir lundi, est splendide : les protections métalliques ont été forgées sur mesure par un spécialiste polonais, les bassinets (casques à visière) sont des reproductions de pièces authentiques du XVe siècle conservées dans des musées. Des tissus, du cuir et même des feuilles d’or ont été utilisés pour l’ornement. L’équipement pèse au total une bonne vingtaine de kilos. Son camarade, Kristian, en a fait de même concernant Jehan des Quesnes, un chevalier qui fut inhumé, après la bataille, aux côtés du Gallois de Fougières, sous la dalle de l’abbatiale d’Auchy-lès-Hesdin, située à quelques kilomètres d’Azincourt.
Des nouvelles recherches historiques sur Le Gallois de Fougières
La reconstitution des tenues et armures de ces deux combattants n’est pas une finalité en soi. « Le projet Galois de Fougières », comme l’a baptisé Christophe Gilliot, vise aussi à mener de nouvelles recherches historiques sur ce personnage dont la mémoire est honorée par la gendarmerie nationale. Son nom est accolé en effet à des casernes et donné à des promotions d’école de gendarmerie. Mais jusqu’ici, on connaissait peu de choses sur l’homme, en dehors du fait qu’il était mort sur le champ de bataille d’Azincourt. Christophe Gilliot, qui était déjà parvenu à retrouver ses armoiries, a fait récemment quelques jolies découvertes dans les archives bourguignonnes du département de la Côte d’Or qu’il nous a révélées en exclusivité.
Le Gallois de Fougières, âgé d’une soixantaine d’années au moment de sa mort, était ainsi un écuyer au service du chevalier Regnier Pot, un important conseiller du duc de Bourgogne. En 1402, il suivit cet homme lors d’une ambassade menée en Hongrie. Avant Azincourt, il avait participé à quelques unes des plus grandes batailles de son temps, notamment celle de Nicopolis en 1396, dans l’actuelle Bulgarie, qui mit fin à la croisade menée par Sigismond de Luxembourg, roi de Hongrie. Comme de nombreux combattants français, Le Gallois et Regnier Pot furent probablement capturés à cette occasion par le sultan ottoman Bajazet 1er et le prince Lazaevic de Serbie pour être libérés six ans plus tard. Selon Christophe Giliot, c’est lors de cette captivité qu’il dût faire la connaissance du maréchal de France Jehan le Meingre dit Boucicaut, l’un des commandants français de la bataille d’Azincourt. Il l’accompagna en 1410 lors d’un campagne en Italie, dans le Piémont.
En tant que « prévôt des maréchaux », Le Gallois de Fougières était un officier subalterne placé sous l’autorité directe des maréchaux de France. Il avait pour mission de passer en revue les troupes lors des montres d’armes, mais aussi de surveiller les « gens de guerre » et de statuer sur leur cas lorsqu’ils commettaient des exactions, notamment à l’égard des populations civiles. C’est lui aussi qui vérifiait le ravitaillement. Ce sont ces missions qui en font l' »ancêtre » des actuels gendarmes. En 1936, son squelette fut découvert et exhumé de l’abbatiale d’Auchy les Hesdin pour être placé en 1945 sous le bouclier d’airain de l’hypogée, le Monument à la Gloire de la Gendarmerie Nationale érigé à Versailles.