ROISEL (80) Bagarre au gourdin: le maire s’interpose sans l’aide des gendarmes
PUBLIÉ LE 12/04/2015 VIRGINIE GUENNEC
En fin de conseil municipal, vendredi 10 avril au soir, les élus se sont interposés entre deux hommes qui se battaient, au pied de la mairie. Ni les gendarmes, ni le SAMU n’ont prêté main-forte.
Le maire et plusieurs élus ont attendu l’arrivée des secours longuement. Seule une ambulance est finalement venue.
« Il a le visage en sang », lâche tremblant Nikos Gerogianis, élu municipal à Roisel, dont la chemise blanche est toute froissée. Il vient de s’interposer entre deux hommes se battant à coup de gourdin au pied de la mairie. L’un d’eux est à terre, retranché chez lui, place du Général-Leclerc, à quelques mètres de l’hôtel-de-ville. Tandis que l’autre tente encore de rentrer dans l’habitation pour continuer à se battre. La scène est choquante, surtout pour des élus qui viennent tout juste de sortir d’un conseil municipal. Car à Roisel, petit village au nord de Péronne (Haute-Somme), les seuls affrontements auxquels tout le monde s’attend, ce sont les habituelles disputes entre la majorité et l’opposition.
Mais ce vendredi 10 avril, c’est dans la rue que la bagarre a lieu et les élus sont aux premières loges. Tous sont réquisitionnés pour stopper l’agresseur hystérique et incontrôlable. « Ce sont des toxicomanes, ils sont connus dans le coin. Lui est sûrement en manque, il sort tout juste de prison », assure le maire, Philippe Vassant. L’assaillant, toujours armé du gourdin, n’hésite pas à se confronter aux conseillers.
Le maire tente alors d’appeler la gendarmerie. Au bout du fil, personne ne semble prêt à l’aider. « Ils ne veulent pas venir, ils disent que l’homme est hors de danger puisqu’il est chez lui. C’est incroyable quand même », s’énerve-t-il. La situation dégénère, quand l’agresseur finit par réussir à rentrer dans l’habitation et redouble de force pour attaquer l’homme à terre.
Le maire hors de lui
Les élus s’interposent encore, prenant quelques coups au passage. Et les gendarmes ne sont toujours pas là. Le maire, qui est aussi médecin, appelle cette fois-ci le SAMU. Selon lui, l’homme blessé saigne à la tempe et à la nuque. « Il y a un trauma, il est conscient mais l’autre l’a frappé à plusieurs reprises à la tête. Ça peut mal tourner. »
Cette fois-ci, c’est le SAMU qui refuse de venir. « Ils disent qu’ils ne peuvent rien faire, car le blessé est chez lui ». Les élus s’interrogent : faut-il sortir le blessé sur le trottoir pour faire venir les secours ? Problème en quelques minutes une foule s’est massée sur la place et l’homme au gourdin est toujours dans les parages. L’un des élus essaie alors d’appeler un de ses amis pompiers. « Ils vont venir », assure-t-il.
Mais au bout de 20 minutes, c’est une ambulance qui finit par arriver. Le maire, Philippe Vassant, est hors de lui. « C’est n’importe quoi. Ils n’ont pas l’expérience, ni le matériel pour gérer une telle situation. » L’ambulance finit par prendre la route avec le blessé au bout d’une bonne demi-heure, direction l’hôpital de Péronne. Les élus, eux, partent faire une ronde pour retrouver l’agresseur, de peur qu’il y ait d’autres bagarres dans la ville. À Roisel, les conseillers municipaux ont remplacé les gendarmes.
Virginie Guennec