Après une semaine d’audience, les jurés ont estimé à l’unanimité qu’il s’agissait d’un homicide volontaire et que l’accusé savait qu’il percutait un gendarme. La cour d’assises des Alpes-Maritimes a condamné vendredi à 30 ans de réclusion criminelle Alexandre Baudry, pour avoir tué en 2012 le gendarme Daniel Briere en le percutant avec une voiture volée. La cour a assorti la peine d’une période de sûreté des deux tiers.
Norbert Dornier avait aussi rendu hommage à Daniel Briere, père de famille, « un gendarme exceptionnel » spécialisé dans les enquêtes économiques, aux états de service impeccables. Il avait dénoncé « un processus de violence récurrent » contre les forces de gendarmerie et de police, avec plus de 40.000 atteintes physiques et violences à leur encontre chaque année. « Ils sont des héros ignorés au quotidien et qui risquent leur vie pour nous », a déclaré Norbert Dornier.
Le 17 octobre 2012, Daniel Briere dirigeait sur le terrain, dans l’arrière-pays niçois, une enquête pour interpeller Baudry, un voleur de voitures. En tenue civile, porteur néanmoins d’un brassard de gendarmerie, le major avait sorti son arme et s’était placé face au véhicule en faisant les sommations d’usage. Il avait été percuté de plein fouet. Le conducteur avait abandonné le véhicule en tentant de l’incendier, était allé en soirée au cinéma avec des amis avant d’être interpellé le lendemain.
Condamné à 30 ans de prison pour le meurtre d’un gendarme
La cour d’assises des Alpes-Maritimes a condamné vendredi Alexandre Baudry, âgé de 23 ans, à 30 ans de réclusion criminelle pour le meurtre du gendarme Daniel Briere percuté arme à la main par le voleur de voiture en 2012.
Les jurés ont estimé à l’unanimité qu’il s’agissait bien d’un « homicide volontaire » et que l’accusé savait qu’il avait devant lui un gendarme, une circonstance aggravante. La cour a assorti la peine d’une période de sûreté des deux tiers.
« La famille est satisfaite que la cour ait reconnu qu’un gendarme a été tué dans l’exercice de ses fonctions », a commenté leur conseil Me Lionel Escoffier.
Dans la salle des pas perdus, la petite amie enceinte du condamné a crié sa douleur.
Le discours cinglant de l’avocat face à l’impassibilité de l’accusé
« Vous avez un coeur sec« , « vous êtes un lâche », avait assené vendredi matin, cinglant, l’avocat général Norbert Dornier, durant un exposé de trois heures entièrement à charge contre le jeunedélinquant déscolarisé, resté impassible dans le box durant une semaine de procès.
Il avait requis à son encontre la réclusion criminelle à perpétuité, pour son « exécution réfléchie » du major Daniel Briere, en jugeant « la thèse de l’accident ridicule ».
Les conditions du meurtre
Le 17 octobre 2012, le major Briere dirigeait sur une route sinueuse de l’arrière-pays niçois une opération pour intercepter Baudry, alors âgé de 21 ans, sans permis au volant d’une voiture volée, cinq jours après sa sortie de prison préventive.
En tenue civile mais porteur d’un brassard de gendarmerie, le militaire avait sorti son arme et s’était placé face au véhicule volé (arrivant à 73 km/h). Percuté de plein fouet et projeté à 20 mètres, il était mort de ses blessures le jour même.
« Baudry a vu l’arme du gendarme, il a donc riposté avec la sienne, qui était la voiture », décrit l’avocat général.
Alexandre Baudry avait abandonné le véhicule en tentant de l’incendier, était allé le même soir au cinéma avec des amis, avant d’être interpellé le lendemain.
Les hommages de M. Dornier et Manuel Valls
M. Dornier a rendu hommage à Daniel Briere, père de deux enfants « submergés par la peine« , « un gendarme exceptionnel » spécialisé dans les enquêtes économiques, aux états de service impeccables qui avait servi notamment en Côte d’Ivoire.
Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, avait rendu un hommage à la Nation au major Briere, élevé au rang de capitaine à titre posthume en 2012, dans l’ancienne caserne du gendarme chargée d’émotion.
« C’est un gamin »
Les deux avocats de la défense avaient pour leur part jugé dans l’après-midi les réquisitions totalementdisproportionnées établissant des comparaisons troublantes avec d’autres procès. « Oui c’est unpetit con, un voleur de voiture, mais c’est pas un meurtrier! », a lancé Me Frédéric Lévy, pour qui l’homicide était involontaire. « C’est un gamin », a-t-il ajouté, décrivant l’horreur de l’univers carcéral.
Son confrère, Me Guillaume Carré, a aussi noté qu’un magistrat instructeur avait estimé que Baudry ne pouvait pas voir le brassard du gendarme. « Quand quelqu’un vous braque, on ne s’arrête pas, on continue, on a peur« , a-t-il souligné.
Il avait également demandé aux jurés d’écarter de leur esprit le contexte très prégnant des attentats terroristes parisiens de janvier, ainsi que de l’agression mardi à Nice de trois militaires.
« C’est un accident je vais regretter toute ma vie »
« Je sais malheureusement que j’ai brisé une famille, c’est un accident, je vais regretter toute ma vie », a déclaré vendredi Alexandre Baudry, en demandant pardon à la veuve du gendarme et à ses deux enfants quelques heures avant le verdict.
L’ancien coéquipier du gendarme, seul témoin direct du drame, a estimé que Baudry n’avait pas devolonté de s’arrêter, malgré « un coup de frein réflexe ».
Jeudi, accusé, jurés, magistrats et avocats s’étaient déplacés sur un pont de l’arrière-pays niçois, pour mieux cerner la topographie du lieu où le drame s’est déroulé en quelques secondes.