Dans l’arrondissement d’Avesnes, la lutte contre les violences intra-familiales est devenue le cheval de bataille des autorités. Depuis 2012, une intervenante sociale est basée au sein de la compagnie de gendarmerie. Ses missions ? Solliciter, écouter et orienter des victimes qui ont trop souvent du mal à évoquer des blessures intimes.
Édith Kuczynski met les choses au clair d’emblée. «Je ne suis ni une assistance sociale, ni une gendarme.». Au sein de la compagnie d’Avesnes, elle est un peu « le trait d’union » entre ces deux univers, comme le résume Émilie Cuenca, coordinatrice de la Maison de la famille, à laquelle le poste d’Édith est rattaché. La jeune femme est une intervenante sociale, partageant son temps entre les différentes brigades, de Trélon au Quesnoy, en passant par Landrecies, Sains-du-Nord, Bavay et Fourmies.
Chaque jour, une nuée de dossiers atterrit sur son bureau. Il s’agit de dépôts de plainte ou de synthèses d’intervention, où les militaires ont senti qu’une aide d’Édith pourrait être précieuse. « Mon premier réflexe est alors de décrocher le téléphone pour prendre rendez-vous dans la semaine avec les personnes concernées », révèle l’intervenante sociale. Ce premier contact est des plus délicats. Comment convaincre une victime de se confier sur des sujets lourds, intimes, qui plus est lorsqu’on est estampillé gendarmerie nationale ? «Justement, corrige Édith Kuczynski, je le répète encore et encore, je n’ai aucun lien avec les services d’enquête. Je suis soumise au secret professionnel, tout ce qui est dit reste entre moi et la personne. »
Plus de mille dossiers gérés
Édith est une professionnelle formée aux techniques d’entretien. Pour mettre ses interlocuteurs plus à l’aise, elle peut se déplacer à domicile, afin que la conversation puisse avoir lieu dans un cadre moins formel. Depuis mai 2012, date de la création de ce poste d’intervenant social, plus de mille dossiers ont été pris en charge. La liste est longue : il peut s’agir d’hommes ou de femmes qui subissent les foudres de leur conjoint, des agressions sexuelles au sein de la sphère familiale et des conflits très violents entre parents et enfants. Tous ont pu être pris en charge par les organismes partenaires avec lesquels Édith travaille.
Parfois, de simples signalements ont pu aboutir sur de véritables enquêtes avec condamnation de la justice à la clé. La fin d’un véritable calvaire pour certains. Depuis plus de deux ans, ce dispositif a fait ses preuves. Au point même d’inquiéter les autorités. Car dans les statistiques de la délinquance, la catégorie des violences intrafamiliales a littéralement explosé. « Mais c’est un bon signe, rassure Joël Kerleau, le commandant de la compagnie de gendarmerie d’Avesnes. On peut détecter de plus en plus d’affaires. » Sans l’aide de l’intervenante et des services sociaux, ces faits auraient perduré dans le silence le plus complet.