Des tests de salive contre les drogues au volant
Gendarmes et policiers expérimentent un nouveau test pour intensifier la lutte contre la consommation de drogues au volant. Objectif: gagner du temps lors des contrôles.
La consommation d’alcool n’est pas le seul danger au volant. Gendarmes et policiers souhaitent aussi intensifier la lutte contre la consommation de stupéfiants. A cet effet, ils ont expérimenté jeudi et vendredi deux nouvelles méthodes de prélèvement salivaire, moins « chronophages » qu’une prise de sang.
Le testeur, un bâtonnet plat glissé pendant trente secondes sous la langue, est formel. Trait rouge: présence de cannabis. « Comme 9 dépistages positifs sur 10 », souligne le gendarme Aurélien Page, qui participait jeudi à l’opération menée sur trois points de contrôle autour de Bonnières-sur-Seine (Yvelines).
Quatre heures pour une prise de sang
En temps normal, la personne dépistée positive aurait gagné un court séjour à l’hôpital de Mantes-la-Jolie, situé à 15 km, pour confirmer ce dépistage par une prise de sang et un examen médical. « Là-bas, on n’est pas prioritaire, car ce n’est pas une urgence », explique Christophe Greneche, commandant de l’escadron de sécurité routière des Yvelines. « On y passe trois heures, quatre heures, parfois plus. Pendant ce temps, on n’est plus disponible s’il survient un accident important. »
Cette étape coûteuse et « chronophage », Christophe Greneche espère la supprimer grâce à ces deux nouvelles méthodes de prélèvement salivaire réalisées sur place et en cours d’expérimentation par les forces de l’ordre.
Dans la première, la seringue laisse place à une brosse venant frotter l’intérieur de la joue du contrevenant. « C’est là que se trouvent les cellules épithéliales, où vient se fixer le THC », le principe actif du cannabis, explique le commandant Olivier Le Roux, directeur du Centre de recherche, d’expertise et d’appui logistique (Creal). L’autre procédé, similaire au dépistage en vigueur, vise à recueillir de la salive. Il pourrait être plus efficace pour déceler « la cocaïne et les amphétamines », indique Olivier Le Roux.
La salive, aussi fiable que le sang?
Pour les besoins de l’expérimentation et le respect de la procédure, un médecin de Versailles a été dépêché sur place pour réaliser, au préalable, la traditionnelle prise de sang. Charge ensuite aux blouses blanches de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), à Rosny-sous-Bois, d’analyser et de comparer les échantillons.
L’objectif: prouver que la salive est aussi fiable que le sang et ainsi s’épargner la case piqûre à l’hôpital. « Les études scientifiques ont montré qu’on retrouvait dans la salive les mêmes éléments que ceux qu’on pouvait retrouver dans le sang », assure François Heulard, responsable physique-chimie à l’IRCGN. « On a développé une méthode qui permet d’atteindre des seuils de sensibilité extrêmement bas », ajoute-t-il. Et prévient les petits malins « qui mettraient des produits masquants dans la bouche »: « on doit pouvoir adapter les modalités de prélèvement pour se prémunir de toutes les tricheries ».
Ces tests seront menés jusqu’au 1er juin 2015 dans huit autres départements: Alpes-Maritimes, Dordogne, Gironde, Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique, Moselle, Nord et Haute-Savoie. Une fois généralisé, après modification du code de la route, ce nouveau protocole permettra une « augmentation automatique » des contrôles de stupéfiants sur les automobilistes, affirme le lieutenant-colonel Philippe Bartolo, de l’Unité de coordination de lutte contre l’insécurité routière (Uclir).