Comment la gendarmerie varoise s’est emparée des réseaux sociaux
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Le lancement d’une page Facebook de la gendarmerie du Var, à l’automne 2012, avait fait couler beaucoup d’encre. Avant de faire tâche d’huile puisque la plupart des groupements départementaux de gendarmerie, et quelques directions départementales de la police nationale, se sont progressivement engouffrés dans la brèche ouverte à Toulon.
Messages de prévention (contrôles routiers, alertes anti-délinquance…), suivi des intempéries et autres appels à témoins sont ainsi délivrés directement sur les écrans des internautes.
Le colonel Damien Choutet, à la tête de la gendarmerie du Var, fait le point sur les prochaines étapes du mouvement amorcé vers une gendarmerie nationale de plus en plus « connectée ».
L’objectif de cette « gendarmerie 3.0 » ? « Renforcer la mobilité des gendarmes avec des outils simples et efficaces avec l’idée d’y associer le grand public. »
Les réseaux sociaux sont entrés dans les mœurs de la gendarmerie ?
C’est un mouvement général. Dans le Var, la formule est stabilisée, cela fonctionne grâce à la volonté de quelques gendarmes mais je pense qu’à l’avenir une structure de communication s’imposera. Ce sont des vecteurs très importants de sensibilisation et de prévention qui sont inscrits dans le paysage.
Quelle est la prochaine étape ?
Le directeur général de la gendarmerie nationale a lancé une nouvelle étape dans la modernisation. Le but est de doter chaque gendarme d’une tablette informatique. Contrairement à ce qui se faisait autrefois, où on développait des technologies spécifiques, on s’oriente sur des solutions grand public. Au lieu de chercher à développer une tablette, on va sur les marchés. C’est moins cher en terme de recherche et de développement et le produit est tout de suite utile, d’autant qu’il est souvent déjà connu et utilisé dans la vie personnelle.
Des tablettes pour quoi faire ?
L’idée serait de créer un » Gend’store » (une plateforme de téléchargement de logiciels, Ndlr) où les gendarmes téléchargeraient leurs applications en fonction de leurs besoins qui sont différents en fonction des affectations. En brigade motorisée ou en brigade de recherches, les besoins ne sont pas les mêmes. L’énorme avantage est que cela pourrait éviter le travail de saisie en rentrant du terrain et permettrait partager l’information en temps réel de façon beaucoup plus simple. Par exemple, avec une application » accident de la route « , le gendarme procéderait aux premières constatations en prenant des photos, en renseignant le nombre de blessés, si la route est coupée, etc. On peut aussi très bien envisager des applications à disposition du grand public. En cas d’inondations par exemple, en parallèle du travail des gendarmes, certaines informations, comme la situation des axes coupés, peuvent être partagées par tout le monde. À charge pour les autorités de les fiabiliser. Cela permettrait d’avoir une vision globale et d’exporter une carte disponible pour tous. Il s’agit de coproduction de sécurité, tout le monde est acteur de la sécurité de tout le monde. L’utilisation des réseaux sociaux en situation d’urgence est une tendance de fond, le but est d’aller dans ce sens-là.
D’autres projets sont-ils à l’ordre du jour ?
Il y a une réflexion sur les phénomènes émergents, une veille sur les nouveaux moyens tels que les outils connectés. Les lunettes connectées de type Google Glass suscitent un véritable intérêt. Sur la route, le gendarme pourrait vérifier une plaque d’immatriculation simplement en la regardant. Idem pour un contrôle de carte d’identité. En opération, l’image peut être renvoyée en direct… Il y a des pistes d’intérêt. Le but n’est pas de céder à une tendance mais d’être utile, de rendre le gendarme plus performant. On veut des choses simples, concrètes, pratiques qui correspondent à de vrais besoins et non des gadgets.