Mais qui regarde ça ? Le top cinq des vidéos de l’Assemblée
Finalement, on ne m’a envoyé que le détail des cinq vidéos les plus regardées depuis le 1er décembre 2013 (en commission).
Evidemment, on est loin du carton d’audience de la série « House of Cards ». Il reste que ce classement donne une petite idée du type de contenus qui intéresse les internautes : c’est la partie « audition » qui l’emporte.
Pour faire de l’audience, il faut interroger une personnalité marquante (ministre, patron, haut fonctionnaire) sur un débat d’actualité (sécurité, professions réglementées, etc.).
1 «Les gendarmes sont inquiets»
52 416 vues
Très gros succès. L’audition du général Bertrand Soubelet, le numéro trois de la gendarmerie nationale, a été regardée plus de 50 000 fois. Le 18 décembre dernier, celui-ci est entendu par la mission d’information sur la lutte contre l’insécurité. Après avoir prévenu qu’il « va livrer une analyse personnelle, peut-être un peu iconoclaste », il dresse un panorama bien sombre de l’état de ses services, ponctué de phrases chocs telles que :
« Les gendarmes sont inquiets car on prend plus soin des auteurs que des victimes. »
Après avoir fait l’objet d’une dépêche AFP (qui assure une grande visibilité médiatique), l’intervention du général a été abondamment commentée par les médias traditionnels (comme Le Figaro) avant d’être reprise par des sites proches de la droite dure.
Ses propos ont même obligé la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) à diffuser une « mise au point » pour expliquer que « l’intention du général Soubelet n’était pas de mettre en cause la politique pénale ni de critiquer l’institution judiciaire, mais de souligner les difficultés rencontrées au quotidien par les unités dans la lutte contre la délinquance ».
Bon, ce dernier a tout de même été muté en Outre-mer…
Qui regarde cela ? Les gendarmes, les voyous, les gens qui ont besoin de savoir qu’ils ont raison d’avoir peur, le supérieur de Soubelet qui se demande quel placard lui sied au teint, Zemmour.
2 « Il ne me revient pas de défendre les professions en tant que professions »
9 804 vues
Ce sont les deux premières auditions de la mission parlementaire sur les professions juridiques réglementées. Après les déclarations enflammées d’Arnaud Montebourg, les huissiers, notaires, greffiers sont inquiets. La « libération des énergies » et le « dépoussiérage » des « corporations » n’augurent rien de bon pour eux…
Le président du Conseil national des administrateurs judiciaires, Xavier Huertas, est venu défendre ses collègues. Mais c’est l’audition de la garde des Sceaux, Christiane Taubira, qui est le gros morceau de la journée.
Sans surprise, la ministre joue la prudence devant les députés :
« Il ne me revient pas de défendre les professions en tant que professions. Il me revient de veiller à la qualité du service public que l’Etat a délégué à ces professions. Ce que je récuserais, ce serait une approche exclusivement comptable. »
Las, le projet de loi désormais porté par Emmanuel Macron prévoit le plafonnement des tarifs de divers métiers du droit (administrateurs judiciaires, greffiers des tribunaux de commerce, huissiers de justice, etc).
Qui regarde cela ? Les professions du droit, les fans de Taubira, Anne-Sophie Leclère, Arnaud Montebourg, le community manager de l’eau de source des Pins (qui regarde amoureusement sa bouteille à l’écran).
3« A quoi sert un notaire ? »
8 060 vues
Même causes, même effets. Nous sommes le 8 octobre, le lendemain de l’audition de Christiane Taubira. C’est au tour du Conseil supérieur du notariat de passer à la question. La vidéo est relayée par le site des notaires de France, qui tente de gagner la bataille de l’opinion avec le soutien d’Havas.
Le président du Conseil tente l’enrobage maximal en citant le discours prononcé par le Conseil Réal devant le corps législatif lors des débats de la loi du 25 Ventôse an XI :
« A côté des fonctionnaires qui concilient et qui jugent les différends, la tranquillité appelle d’autres fonctionnaires, qui, conseils désintéressés des parties, aussi bien que rédacteurs impartiaux de leur volonté, leur faisant connaître toute l’étendue des obligations qu’elles contractent, rédigeant ces engagements avec clarté, leur donnant le caractère d’un acte authentique et la force d’un jugement en dernier ressort, perpétuant leur souvenir et conservant leur dépôt avec fidélité, empêchent les différends de naître entre les hommes de bonne foi et enlèvent aux hommes cupides avec l’espoir du succès, l’envie d’élever une injuste contestation.
Ces conseils désintéressés, ces rédacteurs impartiaux, cette espèce de juges volontaires qui obligent irrévocablement les parties contractantes, sont les notaires. Cette institution est le notariat. »
Si ce n’est pas mieux qu’Havas…
Qui regarde cela ? Les notaires, les communicants d’Havas, le mec qui règle les micros, les fans d’Histoire.
4 « Il faut placer l’homme au cœur du système »
8 006 vues
Dans le sillage du général Soubelet, l’intervention de deux gradés de la gendarmerie tourne sur le Facebook de gendarmes en septembre dernier. Même si Philippe Mazy et Pierre Renault sont plus prudents que leur collègue, les commentaires relèvent qu’eux aussi « ruent dans les brancards ».
Qui regarde cela ? Les gendarmes, les gens excités par l’uniforme, Zemmour.
5 « Bonjour, je suis le patron de Siemens… »
6 900 vues
Montebourg agite les médias : que va-t-il advenir d’Alstom ? Deux entreprises se disputent la branche énergie du géant français : l’américain General Electric et l’allemand Siemens. Le ministre du Redressement productif penche clairement pour Siemens…
En mai dernier, la commission des Affaires économiques auditionne les patrons des deux groupes. Envoyé par Siemens, Christophe de Maistre vend « l’alliance des complémentarités » tandis que Jeffrey R. Immelt, de GE, assure qu’« Alstom ne sera pas absorbé ».
Qui regarde cela ? Les salariés d’Alstom, Arnaud Montebourg, Angela Merkel et Barack Obama.