INFO E1 – Tirs de roquettes en Corse : une dizaine d’arrestations
INFO E1 – Ces interpellations surviennent dix mois après les tirs de roquettes qui avaient visé les casernes de gendarmerie de Bastia et Ajaccio.
L’INFO. Dix mois après les tirs de roquettes qui avaient visé les casernes de gendarmerie de Bastia et Ajaccio, les enquêteurs ont interpellé une dizaine suspects lundi matin en Corse. Parmi eux, deux avocats, dont le bâtonnier d’Ajaccio, Me Ferrari.
Ce coup de filet a été mené conjointement par les gendarmes de la section de recherches d’Ajaccio et les policiers de la SDAT, co-saisis de l’enquête. Des perquisitions sont actuellement en cours aux domiciles des personnes interpellées et placées en garde à vue.
Deux attaques simultanées en décembre 2013. Le 5 décembre 2013, les groupements de gendarmerie d’Ajaccio et de Bastia, deux des plus grosses casernes de Corse avaient été simultanément les cibles d’attentats, sans que ces attaques ne fassent de victimes.
A 19h49, une première roquette s’était abattue sur la caserne Battesti, près du centre d’Ajaccio. Elle avait touché le bas d’un bâtiment habité par des familles, à 1m50 seulement de la vitre d’un appartement. Quelques minutes plus tard, à 19h52 à Bastia, caserne Montesoro, une déflagration s’était fait entendre. Une roquette avait touché la façade d’un bâtiment administratif au deuxième étage. Le blindage des vitres avait résisté mais le choc avait été important.
justice
Interpellations en Corse dans l’enquête sur des attaques de casernes de gendarmerie
Une dizaine de militants nationalistes a été interpellée dans la matinée du lundi 6 octobre. Ils sont soupçonnées d’avoir participé à l’attaque à la roquette de la caserne de gendarmerie d’Ajaccio et de Bastia.
- Par Pierre-Olivier Casabianca
- Publié le 06/10/2014 | 09:58, mis à jour le 06/10/2014 | 09:59
Rappel des faits
CORSE
Le bâtonnier d’Ajaccio interpellé après des attentats contre des gendarmeries
Le bâtonnier de l’ordre des avocats d’Ajaccio, l’un de ses prédécesseurs et dix autres personnes appartenant à la mouvance nationaliste ont été interpellés et placés en garde à vue lundi en Corse dans le cadre d’investigations sur des attentats contre deux gendarmeries en 2013.
Les interpellations ont été effectuées par des policiers de la sous-direction antiterroriste et des gendarmes de la section de recherches d’Ajaccio. Ces deux organismes avaient été co-saisis après des attentats à la roquette anti-char, qui n’avaient fait aucune victime, contre deux casernes de gendarmerie à Ajaccio et Bastia, le 5 décembre 2013.
Une information judiciaire avait été ouverte le 25 mars 2014 par la section anti-terroriste du parquet de Paris. Des perquisitions se sont déroulées dans la matinée aux domiciles de la plupart des personnes interpellées qui ont été placées en garde à vue à Ajaccio. Ces personnes sont généralement proches du parti indépendantiste Corsica Libera (Corse libre), très influent sur la scène politique insulaire et qui compte trois élus (sur 51) à l’Assemblée de Corse.
Parmi elles, se trouvent le bâtonnier des avocats d’Ajaccio, Me Dominique Ferrari, et l’un de ses prédécesseurs, Me Philippe Gatti, a-t-on indiqué de sources proches de l’enquête. Un rassemblement de protestation contre ces arrestations était prévu en fin de journée à Ajaccio, a-t-on appris dans l’entourage de certains interpellés. La garde à vue en matière de terrorisme peut durer quatre jours.
La roquette, tirée depuis une colline en face de la caserne, proche du centre-ville, avait détérioré le bas d’un immeuble d’habitation, brisé des vitres et endommagé une voiture. Selon un enquêteur, le projectile avait été tiré d’une distance d’environ 300 mètres, ce qui avait atténué l’effet, sa portée optimum étant de l’ordre de 150 à 200 mètres. Une autre roquette avait été tirée sur un bâtiment administratif de la caserne de Montesoro, dans les quartiers Sud de Bastia, siège du groupement de gendarmerie de Haute-Corse, ne provoquant également que des dégâts matériels. Les attentats n’ont pas été revendiqués.
M. Valls s’était dit «convaincu» qu’il existait «des liens» entre ces actions et les arrestations de sympathisants nationalistes présumés, soupçonnés d’avoir commis des attentats en 2012 contre des résidences secondaires. Le Front de libération nationale de la Corse (FLNC) a annoncé le 25 juin la mise en oeuvre d’un «processus progressif de démilitarisation» pour favoriser l’application de réformes votées depuis quelques mois par l’Assemblée de Corse, dont la majorité est de gauche. Elles concernent essentiellement la co-officialité de la langue corse, l’instauration d’un statut de résident pour lutter contre la spéculation foncière et immobilière, la fiscalité et une adaptation en ce sens de la constitution française.
VIDÉO. Attentats contre la gendarmerie: onze personnes en garde à vue
Publié le
Une dizaine de personnes ont été interpellées ce lundi matin à Ajaccio dans le cadre de l’enquête sur les attentats à la roquette contre la gendarmerie d’Ajaccio et de Bastia de décembre dernier.
:: Relire : VIDÉO. Attentats de 2013 en Corse: une dizaine de personnes interpellées
Parmi les gardés à vue par les gendarmes de la section de recherches et les enquêteurs du Sdat, figurent deux avocats dont le bâtonnier en exercice du barreau d’Ajaccio Me Dumè Ferrari.
Son cabinet a été perquisitionné en milieu de journée à Ajaccio en présence du doyen du conseil de l’ordre des avocats.
Ce conseil de l’ordre a tenu ce lundi après-midi une réunion extraordinaire.
Les sept dates clé du dossier des attentats à la roquette
Dix mois après les faits, la sous-direction antiterroriste (Sdat) pense avoir remonté une piste dans le dossier de l’attentat qui avait visé la caserne Battesti à Ajaccio. Une enquête à l’évolution plus rapide que la moyenne.
5 décembre 2013
Il est 19 h 52 lorsque la caserne Battesti, à Ajaccio, est la cible d’un attentat. Le bâtiment abrite la région de gendarmerie de Corse, il est occupé par 62 familles. La roquette, qui était à charge creuse, s’écrase contre un mur du bâtiment. Une voiture est endommagée mais aucune victime n’est à déplorer.
Quasiment au même moment, à 20 heures, la caserne de Montesoro, à Bastia, est visée par un projectile identique. Entre ses murs vit l’État-major du groupement de gendarmerie de Haute-Corse. Cette fois, la roquette traverse une pièce. La caserne bastiaise ne compte aucun blessé.
Ces deux attentats n’avaient pas été revendiqués.
6 décembre 2013
Le lendemain de ces attaques, Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, affirme la détermination de l’État. « Rien ne nous détournera de l’action que nous menons avec la gendarmerie et la police sur la Corse. » Et de mettre en exergue « des résultats spectaculaires », obtenus au cours des derniers mois : « Des gangs, des clans, des groupes ont été démantelés, des individus sont tombés. Nous nous attaquons aux causes mêmes de la criminalité organisée, des mafias qui veulent prendre sous leur emprise la Corse. »
7 décembre 2013
Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, vient, lors d’une visite éclaire dans l’île, rappeler le soutien du gouvernement aux familles des gendarmes visés. Il réaffirme dans le même temps la détermination de l’État. À Bastia il assure que « ceux qui s’attaquent à des femmes et des enfants n’aiment pas la Corse ».
16 décembre 2013
Policiers et gendarmes découvrent une cache d’armes dans un garage situé dans la résidence Le Panoramic, sur les hauteurs d’Ajaccio. Dès les premières investigations, ils estiment que ce box pourrait être lié aux deux attentats ayant visé deux casernements de gendarmerie d’Ajaccio et de Bastia. Une semaine avant, 25 boxes avaient déjà été fouillés.
À l’intérieur du garage était découvert un arsenal. À Bastia, un scooter et une voiture avec des armes ont été retrouvés.
Dans la foulée, les gendarmes procèdent à deux interpellations.
Une mère, la propriétaire du garage, et son fils de 19 ans sont placés en garde à vue. Celle du jeune homme est interrompue moins de 48 heures après son arrestation pour raison médicale.
20 décembre 2013
La propriétaire du garage loué dans la résidence Le Panoramic, interpellée le 16 décembre, est libérée. Aucune charge n’a été retenue contre elle.
17 avril 2014
Gilbert Thiel alors magistrat antiterroriste en charge de l’instruction dessaisit pour « déloyauté » la police judiciaire au profit de la gendarmerie.
6 octobre 2014
La section de recherches de la gendarmerie procède à onze interpellations à Ajaccio et dans les alentours. Parmi les gardés à vue figurent l’actuel et un ancien bâtonnier.