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Face à la délinquance, la gendarmerie muscle ses réseaux sur Internet

Par Christophe Cornevin Mis à jour Publié 

Expérimentée depuis avril 2013 dans l'Hérault, l'application «Stop cambriolage» a été lancée en août en Gironde.

Pour mieux lutter contre les cambriolages et l’insécurité, les militaires lancent des alertes très ciblées sur des applications pour mobile ou par SMS. Désormais, 46 départements sont concernés.

Se rapprocher plus encore des citoyens pour mieux lutter contre les cambriolages et l’insécurité. Dans un esprit tactique un peu analogue à celui du dispositif des «Voisins vigilants», où les habitants d’un même périmètre s’organisent entre eux et alertent la brigade la plus proche quand ils aperçoivent des rôdeurs, la gendarmerie investit sur Internet pour muscler ses réseaux. Et, de fait, sensibiliser de manière très ciblée et en temps réel des catégories de populations exposées à une période donnée à un phénomène délinquant. La dernière initiative en date remonte au 16 août dernier, avec le lancement en Gironde d’une application «Stop cambriolage».

Téléchargeable gratuitement sur Android ou Apple, elle diffuse des conseils de prévention dès lors que la gendarmerie a détecté l’arrivée d’une bande, d’un véhicule suspect dans un secteur ou une série de faits significatifs. Le message du type «Attention! Véhicule gris type Clio avec trois hommes à bord semble en repérage aux abords des commerces, secteur Libourne» est rédigé par un gendarme et posté de manière sécurisée.

«Ne pas semer la psychose»

Expérimenté depuis avril 2013 dans l’Hérault, théâtre de cambriolages en série, ce système développé avec l’école d’informatique Epitech et financé par la chambre de commerce et d’industrie peut distiller des «pushs» d’alerte aux fleuristes dont les caisses sont garnies au moment de la Toussaint, aux boulangers ou aux bijoutiers si plusieurs de leurs homologues ont été agressés dans les jours précédents. Grâce à son système géodédié, «Stop cambriolage» peut aussi s’adresser à des particuliers établis sur une rue soudain écumée par des malfaiteurs. «L’idée est bien sûr de ne pas semer la psychose sur l’ensemble d’un département pour des faits bien localisés», précise le colonel Samuel Dubuis, chargé de mission à la direction générale de la gendarmerie nationale.

« Désormais, sans dépenser d’essence, nous pouvons    sensibiliser et faire remonter de l’information comme           si l’on était partout en patrouille à la fois »

Pour éviter aussi tout phénomène pervers d’autodéfense, où des personnes auraient la tentation de se constituer en milice privée pour mener des chasses à l’homme, les messages ne contiennent jamais aucune identité, description physique ni relevé d’immatriculation. «Stop cambriolage», qui a franchi le cap des 10.000 abonnés dans l’Hérault, a été adopté par quelque 260 commerçants et riverains en une seule semaine en Gironde. D’une grande superficie, ce département est le théâtre de 2,9 cambriolages pour 1.000 habitants. «Désormais, sans dépenser d’essence, nous pouvons sensibiliser et faire remonter de l’information comme si l’on était partout en patrouille à la fois», résume un officier.

1.600 référents et correspondants sûreté

La gendarmerie, toujours très soucieuse de la qualité de son maillage qui couvre 95 % du territoire, continue par ailleurs à développer ses systèmes d’alerte par Internet, notamment à l’adresse des professions exposées. Le département de l’Eure profite ainsi désormais de «Capital 27», acronyme de «Coordination action protection information du tissu agricole». Et, en Loire-Atlantique, un voleur de tracteur a été interpellé la semaine dernière grâce à un réseau d’alerte regroupant pas moins de 600 agriculteurs locaux. L’engin, qui avait abandonné son semoir en chemin, a ainsi été retrouvé au bout de quarante kilomètres de course. Selon nos informations, ces puissantes chaînes d’informations par SMS sont présentes dans 46 départements, sachant que la gendarmerie mobilise au total près de 1.600 référents et correspondants sûreté pour prodiguer des conseils, mais aussi parfois pour recueillir de précieux renseignement, auprès des commerçants, artisans et entrepreneurs à travers le pays.

«De façon préventive, nous développons aussi des logiciels permettant aux particuliers de répertorier leurs biens les plus précieux sur Internet, ajoute un officier de la Direction générale. En cas de vol d’un objet, nous diffusons photos et descriptions précises aux antiquaires et aux brocanteurs pour qu’ils nous appellent s’ils le voient passer.» À l’avenir, l’effort devrait être porté vers les maires. Figures incontournables, censés tout savoir sur ce qui se passe sur leur commune, nombre d’entre eux pourraient à terme recevoir sur leur messagerie téléphonique des alertes extrêmement précises et plus détaillées. Le ministère de l’Intérieur, qui encourage ce type d’initiative, rappelle à l’envi en ces périodes de disette budgétaire que la sécurité est plus que jamais l’affaire de tous. Et de chacun.

Source : LE FIGARO fr www.lefigaro.fr

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