Dans les coulisses… de la cellule d’identification criminelle de la Creuse
C’est toute une technique pour rechercher des traces invisibles à l’œil nu sur un document, mais on peut compter sur le matériel, ainsi que sur la minutie du technicien. Photo Bruno Barlier / Le Populaire du Centre – tous droits reserves
La Cellule d’identification criminelle (CIC) relève de la Brigade départementale de renseignements et d’investigations judiciaires (BDRIJ). Située à la caserne Bongeot à Guéret, la CIC 23 dispose d’un plateau technique, ayant obtenu une accréditation du Cofrac (Comité français d’accréditation) qui lui reconnaît ses compétences. Cette accréditation est régulièrement remise en cause par des audits et des tests.
Des règles strictes pour éviter les vices de forme
Tous les CIC de l’hexagone sont organisés de la même façon. Un protocole très précis est respecté en matière de traçabilité des indices : à aucun moment il ne doit y avoir de rupture dans la marche à suivre afin d’exclure toute pollution, pour que la procédure soit inattaquable par un avocat pour vice de forme.
Seulement quatre gendarmes (*) ont suivi une formation technique et scientifique de plusieurs semaines pour pouvoir prélever les indices sur les scènes de crimes et délits, puis les analyser sur le plateau technique. À l’origine officiers de police judiciaire, c’est toutefois leur expérience d’enquêteur qui prévaut lors de leurs déplacements sur le terrain.
Tout prélèvement effectué est placé sous scellé. Ensuite, direction le plateau technique. Ce dernier comprend du matériel pour réaliser des échantillonnages biologiques (sang, sperme, salive…), et pour détecter des microtraces comme les fibres textiles, poils et cheveux. Les techniciens n’ont toutefois ni les compétences, ni le matériel nécessaire pour aller plus loin : C’est au laboratoire central de Rosny-sous-Bois que seront ensuite envoyés ces échantillons pour des recherches ADN ou autres analyses complexes.
D’autres équipements leur permettent en revanche d’effectuer tout la procédure relative aux révélations d’empreintes digitales.
Le périple d’une lettre anonyme
Une lettre anonyme de menaces arrive au plateau technique. Un technicien va effectuer, dans une salle spécifique, des examens physico-chimiques. Muni d’une blouse et de gants il « brise » le scellé et procède au premier examen, la recherche de traces de foulage (traces laissées sur une feuille de papier par un écrit apposé sur des feuilles précédentes). Le document est placé à plat sur une pompe et recouvert d’un film plastique chargé positivement. On y étale une poudre chargée négativement, puis un autre film plastique. Une feuille blanche est ensuite glissée entre l’originale et le premier film plastique, sur laquelle les inscriptions manuscrites se fixent par contraste. Cet élément de preuve et placé dans un nouveau scellé, et le document original, préservé, peut servir pour des recherches ultérieures.
Les empreintes digitales, elles, sont mises en évidence par divers procédés. Les objets peuvent être exposés à la vapeur de cyanoacrylate, une colle, qui en séchant révélera toute trace. Mais pour le papier, un seul procédé est efficace, la révélation par luminescence. Il faut commencer par tremper la lettre dans une solution liquide spéciale, de leur propre fabrication. Après séchage, c’est dans la salle d’observation que ça se passe.
C’est sous une longueur d’onde lumineuse spécifique émise par un générateur de lumière que toute trace est révélée. Un cliché est pris, envoyé au Fichier automatisé des empreintes digitales (FAED), et comparé aux empreintes de toute personne ayant commis crime ou délit sur le territoire national. S’il y a une correspondance avec un individu, il devra s’expliquer auprès des enquêteurs. Mais cela ne prouve en rien que ce dernier soit coupable !
Des chiffres qui parlent
L’an passé, 96 rapports ont été effectués sur le plateau technique de Guéret, sachant que sur un rapport, il peut y avoir plusieurs éléments sous scellés à analyser, parfois des dizaines. Ce sont aussi 245 interventions sur le terrain, dont 31 pour le compte de la police ; à savoir que toutes les scènes de cambriolage en Creuse font l’objet de déplacement pour des relevés. Enfin, il y a eu 9 résolutions d’affaires grâce aux traces d’empreintes digitales : Les vilains, mettez des gants !
(*) Les adjudants-chefs Mordin et Bialoux, et adjudants Pereira et Lerousseau.
Jérémy Lacombe
gueret@centrefrance.com