L’uniforme, le pistolet… et bientôt la tablette ? C’est en tout cas ce vers quoi vers tendent les forces de l’ordre. « Je veux que chaque gendarme puisse être équipé d’une tablette numérique, qui lui permettra, par le biais de toutes les applications « métier », de se connecter partout à nos serveurs et d’accéder à nos fichiers,affirmait l’année dernière le général Denis Favier. Il gagnera ainsi en mobilité par rapport à sa brigade et à son véhicule. Le gendarme connecté deviendra lui-même « brigade », à même de produire de la sécurité en tout point du territoire. »
L’idée est de faciliter le travail des policiers et gendarmes, en leur permettant d’enregistrer des plaintes où qu’ils se trouvent, de géolocaliser des patrouilles environnantes, d’intégrer directement des photos à un procès-verbal, etc. Le tout grâce à un équipement mobile – smartphone ou tablette. Ce programme a même un nom : NéoGEND.
Le ministère veut un accord-cadre de quatre ans
Déployé jusqu’ici à titre expérimental (par exemple dans le département du Nord), NéoGEND s’apprête à prendre son envol. Le ministère de l’Intérieur a lancé le 30 mai l’appel d’offres préalable à la signature d’un accord-cadre visant à la « mise à disposition d’une flotte de smartphones et tablettes avec ROM Google Android Open Source Project », à laquelle devront être associées différentes prestations. Les produits d’Apple, et notamment ses iPhone et iPad, seront donc évincés.
Voici ce qu’attend la Place Beauvau :
- La « location d’une flotte de packs de mobilité (de trois types : pack smartphone individuel, pack tablette individuelle ou pack tablette collective) », ce qui signifie que les appareils proposés par le prestataire ne deviendront pas la propriété des autorités. Le ministère de l’Intérieur souhaite d’ailleurs pouvoir procéder à des échanges de matériel – qui sera quoi qu’il arrive repris en fin de marché, au bout de quatre ans.
- Différents accessoires (cartes SD, coques de protection, boîtiers Bluetooth, chargeurs allume-cigares…) ainsi que des pièces détachées, en vue d’éventuelles réparations.
- Une formation des techniciens du ministère de l’Intérieur en charge de la maintenance.
Toutes les spécifications techniques attendues sont détaillées dans cette annexe au CCTP (PDF).
La part belle à l’open source
L’exécutif insiste sur le fait qu’il exige la remise de la ROM « Google AOSP », afin de développer et d’intégrer plus facilement des applications sécurisées « maison » sur les terminaux composant les packs de mobilité. Ce système d’exploitation est en effet réputé pour être le seul OS mobile open source d’envergure, à la grande différence d’iOS par exemple. En filigrane, on devine que l’objectif est aussi d’avoir des appareils moins sensibles aux failles de sécurité. Les candidats seront d’ailleurs invités à dévoiler les « codes source et les configurations du noyau, incluant les modifications éventuelles, utilisés dans la ROM générée pour permettre la compilation du noyau ».
En termes de chiffres, la Place Beauvau se montre assez vague, expliquant que l’accord-cadre pourra porter sur la fourniture de 40 000 à 140 000 packs de mobilité. L’institution estime la valeur du marché à plus de 53 millions d’euros (hors taxes). Soit environ 13 millions d’euros par an – exactement ce qui a été budgété pour le programme NéoGEND dans le cadre du projet de loi de finances pour 2016. Notons toutefois que le prix finalement payé pourra varier étant donné qu’il s’agit d’un marché à bons de commande.
Les candidats ont jusqu’au 9 septembre pour se manifester.