Christian Leulier écope de 10 ans de réclusion criminelle après avoir tiré sur les gendarmes
Justice
Au terme de trois jours d’audience, Christian Leulier, poursuivi pour tentative de meurtre sur des gendarmes, a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle, aux assises du Tarn.
Une cour d’assises n’épargne que très rarement un accusé. En général, elle éclabousse même jusqu’aux proches dont la vie est étalée sur la place publique. Celle de Christian Leulier a largement été explorée et commentée ces trois derniers jours. C’est la vie d’un bon père de famille brisé par son échec professionnel, qui tombe dans la dépression et l’alcoolisme que l’on a découvert. Ce procès, c’était celui d’un homme qui n’en est plus vraiment un, « qui a honte de ce qu’il est parce que finalement il n’est plus rien » dira son avocate.
S’il avait bien eu l’occasion de s’exprimer de façon épisodique au cours des deux premiers jours d’audience, de répondre aux questions de la cour, le témoignage de Christian Leulier restait très attendu mercredi matin.
À 53 ans, ce père de famille « sans histoire » et inconnu de la justice croupi à la maison d’arrêt d’Albi depuis 4 ans, après avoir menacé sa famille avec un couteau de chasse et tiré sur les gendarmes avec un fusil. 7 coups de fusil, ou 8, les témoignages des gendarmes divergent. Des coups en l’air, pour faire du bruit, et des coups plus précis. Au point de frôler deux militaires.
Ce sont ces tirs qui lui valaient sa présence en cour d’assises pour tentative de meurtre. « Je voulais faire un tir fichant, pour faire siffler la balle au-dessus de la voiture » a toujours répété l’accusé lors de ses auditions, et une fois encore mercredi à la barre, dans une ultime tentative pour convaincre les jurés.
Des vies bouleversées
Mes Joelle Glock, Anne-Sophie Bellaiche et Emmanuelle Franck ont largement relayé le sentiment des gendarmes, la peur et le choc de cette soirée. Même 4 années après les faits, le traumatisme demeure.
« Des années après, alors que ce sont des professionnels, ils vous ont parlé avec émotion… » L’une a laissé couler ses larmes devant les jurés, l’autre a admis avoir quitté la gendarmerie peu après les faits, un autre a dit qu’il ne quitte plus son bureau.
Ce jour-là, les militaires ont été l’exutoire de la dépression et de l’alcoolisme de Christian Leulier. Cette histoire, « c’est la chronique d’une intervention banale, dans un petit village, avec des gendarmes du coin, qui tourne au cauchemar » appuiera Me Franck.
Venus pour un différend familial, les gendarmes se sont retrouvés, ce dimanche 23 novembre à 14 heures, face à un forcené armé, déjà imbibé d’alcool et sous médicaments. Deux bouteilles de vin, une de rhum et une demi-bouteille de pastis plus tard, et après 5 heures de négociation, les premiers coups de feu retentissent. En l’air d’abord, comme maintes fois répétées au cours de ces trois jours d’audience, puis plus précis et dangereux. C’était là toute la difficulté pour les jurés, Christian Leulier voulait-il tuer ?
Ivresse pathologique ou amnésie volontaire ?
Aucun doute pour l’avocat général Alain Berthomieu, « il s’agit d’un tir volontaire et d’une cible choisie ». La balle « sauvestre », utilisée pour la chasse au gros gibier, est elle aussi « bien soigneusement » choisie, pour tuer.
Quid de l’expertise psychiatrique exposée au premier jour du procès qui fait état d’une ivresse pathologique et donc d’une altération du jugement ? L’avocat général en fait fi, et demande 10 à 12 ans de réclusion criminelle.
Mais cette ivresse pathologique revient sur la table avec Me Cynthia Pasqualin, pour la défense. Pour elle, elle aide à comprendre les explications confuses et l’amnésie partielle de son client. Elle instille le doute quant à la volonté ou non de blesser les gendarmes.
Mais les jurés ont également balayé de la main cette altération du jugement, jugeant Christian Leulier pleinement responsable et coupable d’avoir volontairement pris les militaires pour cible. Il écope de 10 ans de réclusion criminelle. Peine que Christian Leulier a accueilli sans sourciller.